Assis sur un fauteuil de haut niveau au milieu de sa marchandise à proximité de quelques tas d`argent, Elh Amadou âgé de 68 ans, exerce le commerce depuis plus de 32 ans. Plusieurs fois, victimes d`arnaques et d`escroqueries manigancées par certains lettrés au courant de son cursus commercial se dit prudent à investir dans une industrie. Avec un ton rassurant, il affirme : « Je me rappelle des années ou il avait une multitude d`unités industrielles (l’huilerie, la Siconiger, la Snifac.. .) mais, malheureusement plusieurs de ses unités ont dû fermé leur portes. Cause? D’abord la conjecture économique avec des retombées douloureuses sur tous les commerces, ensuite une mauvaise gestion financière observée et le problème d’approvisionnement qui handicape un certain nombre d’unités industrielles, explique-t-il, précisant qu’il connaît toutes les facettes d’un intellectuel et les taxes sont chers. Je préfère investir dans le domaine vivrier avec mes partenaires Nigérians.»
Ancien actionnaire à la BDRN , El hadji M.A ayant requit l’anonymat nous confie : « L’industrie m’a déçu ! On nous réunit toujours pour nous dire d’investir dans l’industrie : nous acceptons pour avoir la tranquillité. Mais, en dehors du bout de papier qu’on nous rend et attestant que nous sommes actionnaires, qu’y gagnons nous? Rien! J’avais mis beaucoup d’argent dans la SNGTN et elle a coulé. Je me méfie toujours des thèses de fonctionnaire. Je préfère vendre ses marchandises (Sucres, farine de blé et des sacs vides) au lieu d’investir dans le vide. Je me souviens de la SNA , elle a souffert de la concurrence des allumettes du Nigeria. »
Ce qu’il faut souligner à Zinder, un nombre important de commerçant, ont dû leur réussite à ces relations privilégiées avec Kano. Cela dit, les commerçants de Kano, qui possède de véritables empires industriels et commerciaux, ne considèrent leurs amis Zinderois comme des partenaires qu’il faut aider à grandir, mais, hélas nos commerçants ne profitent pas de cette opportunité pour investir dans leur région. Ils préfèrent entasser et déposer leur fortune à la maison.
Assis sur une petite peau de lion, Elh Aminou regarde posément la télévision. Il est 20h 30, c’est l’heure pour son financier de réceptionner les recettes journalières et dans un coin de son petit paradis se dresse un coffre fort d’orée qui lui sert de caisse avant de le banquer le matin. M’ayant aperçu par le biais d’une camera, il ouvre aussitôt la porte de son paradis et m’invite, sourire aux lèvres, à entrer. La grande pièce est jonchée de meubles paradisiaques et dans le parking auto des voitures dernières cris.
El hadji Aminou âgé aujourd’hui de 41 ans visite pour la première fois Zinder. Ville pleine d’avenir dit-il, il nous confirme : «Je Compte bientôt installer une unité industrielle à Zinder avec mes partenaires libanais, soupire-t-il, du fond de son paradis. J’ai tenté plusieurs fois à avoir un actionnaire de la place, mais hélas ! Mes collègues préfèrent toujours investir dans le secteur vivrier et chercher les commandes dans les ONG. Il est donc plus que nécessaire que les operateurs économiques se ressaisissent et aient l’esprit de solidarité et d’entraide car l’avenir d’une région dépend d’eux. Ces derniers temps, nous sommes nombreux à venir à Zinder. »
Pour Maman Abdou titulaire d’une maîtrise en économies en vacance à Zinder se dit désolé des investisseurs Zinderois. « Aucune usine de prestige ! Les operateurs économiques sont riches, mais ils n’investissent pas pour la ville. Pour nous jeunes diplômés de la région , malgré les contraintes diverses ,notre préoccupation serait ,à travers une analyse objective, de déceler les survivances néfastes du passé ,de prendre conscience des traumatismes inhibiteurs provoqués dans notre société, et de mettre en œuvre les mesures propres à enrayer leurs manifestations et ouvrir ainsi la voie à l’avènement d’une ère de progrès régional en particulier et national en général. Personne ne viendra nous construire le damagaram! Certes, la jeunesse n’a pas des sous, mais dieu merci nous avons eu la chance d’être à l’école. » Avec la nouvelle raffinerie, le damagaram serait bientôt une ville convoitée par presque tous les investisseurs dit-il et continue en ce terme : « En matière d’investissement et pour que les régionaux puissent profiter et participer à l’essor de la région, notre politique devra privilégier les secteurs moteurs de la croissance économique, susceptibles de générer des ressources nouvelles qui contribueront au développement de la région. Il est important que les commerçants Zinderois puissent participer au développement de leur région car on constate une terrible absence de stratégie commerciale.»
Et de poursuivre doctement : « L’investissement est la mœlle épinière d’un pays.il faut que mes frères arrivent à long terme à la maîtrise de leur propre développement. »
Abdou Razak Tallé