Une des portes de Mur de Birni autrefois . |
Le Damagaram, une histoire!
Présentation du Damagaram
Il y’a longtemps, bien
longtemps nous dit la tradition orale, deux chasseurs originaires de Martin (région
de Kelle, dans le Kutus), au cours de leurs déplacements à la recherche du
gibier, atteignirent le pays que j’appelle ici le Damagaram primitif. Un jour
chacun décide de chasser de son coté, les deux amis se séparèrent et cette séparation
fut longue. Plus tard, l’un de deux chasseurs se lança à la recherche de son
ancien compagnon, qu’il finit par retrouver dans une clairière. Après les
salutations d’usage, un dialogue s’instaura entre les deux amis, dialogue au
cours duquel il fut posé au chasseur retrouvé, la question en Kanuri : « Daa baa grimmi » (c’est la viande
que tu manges ?), expression que les Hawsa déformèrent en
« Damagaram »
Et ce nom donné au
village qui vit le jour à l’emplacement de ce campement de chasseurs.
NB : Damagaram primitif est l’ensemble des villages sur
lesquels régnèrent Maalam et ses successeurs, avant l’installation de la
dynastie à Zinder. Parmi ces villages, notons : Damagaram, Gorgore,
Dumummuge, Ciihanza, Gaafati, Magarya, Lautey, Albarkaaram, Kaasamma,
Baadaraaaka, Ganesku, Kirshiyaa.
Maalam, illustre
fondateur du sultanat de Zinder, après avoir quitté son Bornou natal, vint
s’installer dans le village de Damagaram. A quatre-vingt kilomètres de là,
environ, un autre chasseur, d’origine Bornouane aussi, s’accordent à dire les traditionalistes,
vint créer le village de Zinder que les européens appelleront Zinder. Pourquoi
ce nom ? Barth qui orthographia, ‘Scinder’, désigna par ce nom la ville
dans laquelle résidait, et réside encore, le sultan du Damagaram. Après lui, Monteil, Foureau et Lamy
ont choisi le mot « Zinder» pour designer la ville du sultan, autrement dit,
un seul des quartiers qui forment de nos jours la ville de Zinder. Il en est de
même pour Landeroin, qui, au début du siècle, séjourna dans le pays, le colonel
Abadie et séré de Reiviers. Ainsi donc jusqu'à la conquête du Damagaram par les
français et l’implantation de ces derniers dans le pays, Le Zongoo, campement
touareg à l’origine, devenu plus largement le quartier de tous les étrangers,
n’était pas une partie intégrante de la ville de Zinder.
NB : Le quartier dans lequel réside le sultan est appelé Birni
depuis que le grand Tanimun a fait construire autour de sa capitale un mur
d’enceinte crènelé. C’est ce mur que les Hawsa appellent Birni (ou Gaarou) et
par extension le mot Birni est devenu synonyme de ville.
Actuellement le nom
officiel de Damagaram est Zinder. Néanmoins, les autochtones continuent
toujours à employer le mot Damagaram pour designer ‘Zinder. Afin de
marquer la différence entre la ville de Damagaram et le pays de Damagaram, ils
disent Kasal Damagaram pour designer le pays.
Comment se présente
le Garou ?
Le 6 novembre, la ville de Zinder représente un grand rectangle à
contours peu réguliers et à angles arrondis, d'une surface d'environ 125
hectares, entourée de murailles en terre de 9 à 10 mètres de hauteur, suivant
les accidents du terrain, sur 12 à 14 mètres d'épaisseur à la base aux environ
des portes. Elles vont en
s'amincissant jusqu'au sommet où elles n'ont plus que 50 à 60 centimètres. Ce
mur est couronné tout au long de dentelures presque régulières, parfois un peu
écroulées, et représentant assez bien les dents arrondies d’un gigantesque
scie. A l'extérieur le mur est à
peu près vertical et précédé des vestiges d'un fossé qui n'apparaît plus que
par places. A l'intérieur et seulement près des portes la base est très
épaisse, augmentée par des tas d'immondices accumulées, et le mur diminue
d'épaisseur à mesure que l'on s'élève pour se terminer, à 1 ou 2 mètres du
sommet, sur certains points de son parcours, sur une espèce de banquette où
pouvaient s'établir des archers et des tireurs; en plusieurs places même sur la
face sud, ont été ménagés des plates-formes destinées à recevoir des canons. Sur l'une d'elles, la troisième à
gauche de la porte Tinessinddi, se trouvait pourtant un canon de bronze, sans
affût, supporté par deux morceaux de bois en long.
Une partie
est extraite du Sultanat de Zinder d’André Salifou