Il est un truisme de le dire aujourd’hui, l'hivernage est une période
propice à la prolifération de moustiques, ces méchants vecteurs du paludisme.
Mais rappeler aussi que s’il y a un facteur déterminant dans le développement
de cette terrible maladie, c’est bien sûr l'insalubrité dans les
ménages et in extenso dans les ruelles. Les moustiques croissent sur ces
immondices insalubres que notre laisser-aller favorise. A qui aujourd’hui la
faute de cette insalubrité ? Tous les regards convergent vers la femme ! Maîtresse de foyer, mère et éducatrice des enfants mais
aussi agent pourvoyeur de déchets ! Dans nos sociétés africaines, sans pour
autant être sexiste, la propreté de la maison et même du quartier reste un
devoir de la femme. Quel rôle joue t-elle dans la prolifération du paludisme
mais aussi son éradication?
Certains
endroits de la ville de Zinder sont insalubres, invivables même et deviennent
par conséquent des nids implacables de moustiques, agents vecteurs de la
maladie qui décime de millions de nos frères. Si aujourd’hui la prévalence du
paludisme ne fait que croître, c’est en partie à cause de ces tas d’immondices
qui jonchent les rues de la ville. Pour Fati une enseignante au quartier Zongo:
« on ne peut pas marginaliser les femmes dans la prise des décisions concernant
la salubrité de la ville ».Elle soutient mordicus que : « nous sommes
indispensables à la propreté des quartiers. Ce n’est pas une affaire des
hommes, le ménage c’est nous les femmes et parfois les jeunes ». La réalité lui
donne pleinement raison. Le service technique d’assainissement est confronté au
sempiternel manque de moyens. C’est pourquoi la gestion des déchets solides et
liquides, la couverture des caniveaux, le pavage des rues, la réalisation d'infrastructures
communautaires (espaces verts, jardin public…), l'embellissement des maisons,
l’éclairage public deviennent difficilement réalisables. Mais comme le dit Salamatou,
une tenancière de bar rencontrée à Toudoun Jamous : « l'insuffisance des moyens
des services techniques compétents ne doit pas nous décourager, chaque femme
doit s’y mettre et rendre propre sa maison et sa cour, c’est bien possible et
c’est déjà un point de gagné dans la lutte contre le paludisme ». Pour elle, c’est
de la prise de conscience de toutes les femmes que découlera la nécessité de
l'assainissement ». Il n’y aura alors plus de boue, plus d'eaux stagnantes,
plus de vecteurs de maladies. Il faut nécessairement aussi instaurer un système
de répression pour décourager d’éventuels artisans de rues poubelles. Dans d’autres
pays, il existe même une peine de prison pour tous ceux qui déversent les eaux
usées et les déchets solides dans la rue. Ils sont passibles de sanction au
terme de la loi 01-20 du 30 mai 2001. Il en est de même pour les incinérations
des déchets solides en plein air, le déversement des déchets domestiques
liquides dans des cours d'eau et caniveaux. Ces faits sont punis par des
amendes variant de 3000 à 9000 voire 18000 FCFA en cas de récidive avec des
possibilités d'emprisonnement. La même loi prévoit également de lourdes
sanctions contre les grandes pollutions : incinération de déchets biomédicaux
et industriels en plein air sans autorisation où achat, vente, importation ou
exportation de déchets dangereux dans les mêmes conditions. Les amendes à ce
niveau vont de 1 à 20 millions de FCFA avec 1 ou 2 ans d'emprisonnement. Et pourquoi
pas chez nous au Niger ?
Abdoulrazak
Talle/le damagaram