La jeunesse en pleine activité ! |
Zinder, capitale
du Damagaram ressemble, la nuit, à toutes les autres bourgades du Niger ! Les
débits de boisson officiels et clandestins connaissent au crépuscule un regain
de vie à laquelle ils ne peuvent prétendre le jour. Poids de la religion ou
récession économique ? Les deux peut-être. Au cœur de la pénombre, des choses
s’y passent. Des femmes et des hommes circulent sans objectif véritable.
Empêtrés dans les effluves de l’alcool et même de la… drogue, ils cherchent le
compagnon ou la compagne non pas idyllique mais idéale d’un soir. A pareil
moment, la débauche n’a pas d’adresse! Elle se rencontre partout ! On s’aime et
on s’ignore le lendemain! Anonymes amants, ils se tiennent compagnie, le temps
d’une « causette » et chacun continue
son bonhomme de chemin. A Zinder, le phénomène inquiète de plus en plus car des
jeunes filles à peine adolescentes s’y adonnent accompagnés par des jeunes
garçons transformés en véritables hooligans. Un spectacle qui laisse médusés les
religieux et pantois l’Etat. Maillons d’une société naïvement innocente et
fruits des parents des fois étrangement complices, ces jeunes filles poussées
par la misère ou l’appât du gain facile ont un nom dans la langue locale : «
Rouwan Kashé Gobara » en abrégé R.K.G. Qui sont les «RKG » ? Comment en est-on arrivé
là ? Comment faire pour arrêter cette dérive ? Reportage.
Zinder ! Il fait chaud en ce début de mois de
Novembre, très chaud même ! Pour fuir la canicule, certains n’hésitent pas à
sortir ! Deux reporters du journal Le Damagaram décident aussi de déambuler
dans la nuit ! Objectif : rencontrer ces jeunes prostituées qu’on appelle RKG.
Bar du M. sis au
quartier résidentiel ! Ici, la clientèle, responsable au premier coup d’œil,
devise en petits groupes autour des tables bien achalandées. Quelques femmes
d’un âge avancé accompagnent les clients, histoire de se faire payer une
gorgée. Un homme, d’un âge mûr, ne tarit pas d’éloges à l’adresse d’un client.
Il rappelle la maxime d’une des fables de la Fontaine : « Tout flatteur vit aux
dépens de celui qui l’écoute ». Des filles mineures, il y en n’a pas ou du
moins ne sont pas encore là ! On décide de loucher à la sortie de la ville : un
petit bar niché entre les arbres d’un jardin à côté de la Nigelec Centrale:
deux serveuses se racontent leurs déboires ! Rien de nouveau qui intéresse. On
fait un tour à Toudoun Jamous ! Ici,
dans chaque coin de rue, des filles à peine pubères se trémoussent dans les
bras de leurs compagnons. On arrive devant le M., un bar dancing haut de gamme.
A l’intérieur, un orchestre s’époumone pour tenir en haleine des spectateurs
plus enclins à tituber qu’à danser. Des filles de tous âges chancellent au
rythme de « Asha Rouwa », la cigarette au coin des lèvres et la bouteille de
bière à la main, elles oublient tout et ne pensent qu’à l’instant présent !
Rien n’a d’importance, sauf peut-être, les regards de tous ces mâles qui
fanfaronnent autour d’elles. Quelques temps après, sans que rien ne le laisse
présager, l’orchestre s’excuse et met fin à la soirée. Aussitôt, chacun se rue
sur sa «proie », une altercation est évitée de justesse. Des garçons tout en
muscles menacent de tout casser si l’une des filles ne vient pas avec eux. Un
peu plus loin, c’est un frère qui remue ciel et terre pour faire comprendre à
sa sœur de rentrer à la maison : elle n’en a cure ! Son copain explique au
grand frère qu’il la ramènera lui-même ! Ils enfourchent leur moto et s’en vont
laissant le frangin coléreux ! On l’apostrophe, histoire de comprendre ce qui se
passe. « Occupez-vous de ce qui vous regarde ! » nous lança t-il. Zut ! Pas de
chance ! On laisse tomber. Telles des chauves-souris, les groupes de gens
s’égaillent car l’aube pointe déjà. On rentre aussi les paupières lourdes mais
la tête pleine d’images d’un samedi soir à Zinder.