Way-C |
Concepteur. |
Vérone Mankou peut
enfin respirer. Le concepteur de la première tablette tactile africaine, baptisée « Way-C », vient
de boucler son tour de table et peut désormais lancer sa production. Un projet
largement soutenu par l’État congolais. Une bonne chose ? Sans doute, car trouver des
financements privés pour ce type d’aventure entrepreneuriale constitue encore
une véritable gageure sur le continent. Mais l'aide publique n'est accompagnée
pour l'instant d'aucune contrepartie, ce qui pose problème. D'autant que Vérone
Mankou en est sûr : la tablette « Way-C » est promise à un grand avenir.
Optimiste le jeune patron redouble d’ailleurs de projets, de la création d’une
ligne d’assemblage pour sa tablette au Congo à la commercialisation d’un smartphone 100%
congolais.
Annoncée
pour le 17 octobre, la tablette n’est toujours pas disponible, pourquoi ?
Vérone Mankou : nous
avons retardé notre lancement car, au moment de la mise en production, nous
sommes rendus compte que la demande dépassait largement nos estimations. Ce ne
sont plus 1000 mais 5000 exemplaires que nous allons faire assembler en Chine.
Les premières tablettes seront disponibles dans 6 semaines au maximum [voir
photo ci-contre, © next.vmkcongo.com, NDLR].
Vous avez aussi connu des problèmes de
trésorerie ?
Ce projet nous a laissé
à sec. Quand je suis allé voir les banques au démarrage, les conditions de
financement proposées équivalaient à un refus polis. J’ai décidé de me passer
de leurs services car elles ne prêtent qu’aux riches et ne croient pas en
l’innovation. Finalement, nous avons pu réunir il y a quelques jours les 375
000 dollars nécessaires à la production.
Qui sont les investisseurs ?
Le ministère de
l’Industrialisation a cru en nous et nous a octroyé une subvention [sic]
équivalente à environ 50% de la somme. Nous attendons aussi un geste fort de la
part du ministère des Postes et Télécommunication. Plusieurs hommes d’affaires
africains ont également participé au tour de table, ainsi que notre usine
chinoise, sous la forme d’une avance. Preuve que beaucoup gens croient au
potentiel commercial de notre tablette.
Justement à combien l’estimez-vous ?
Au moins 30 000
exemplaires. Nous allons être distribués au Congo et au Cameroun,
mais aussi au Sénégal,
en Côte d’Ivoire, au Bénin,
au Togo,
au Niger,
au Mali,
au Nigeria et au Ghana.
Au Congo, un opérateur va proposer une offre intégrant la tablette. En Côte
d’Ivoire, Alios finance en partenariat avec le distributeur Tourex va permettre
de la payer en plusieurs fois. Par ailleurs, nous voulons proposer aux acteurs
du monde l’éducation une version allégée à partir de 100 000 francs CFA.
Ce modèle proposera un microprocesseur un peu moins puissant et un disque
dur de 2Go contre 4Go pour la version classique. Il sera fabriqué en fonction
des commandes à partir du premier semestre 2012.
Par ailleurs, vous réfléchissez aux
possibilités d’assembler la tablette au Congo.
Tout à fait, nous
recherchons un financement pour créer une ligne d’assemblage. Cela nous
permettra de diminuer nos coûts de transport depuis l’Asie, car les composants
pris séparément sont bien moins encombrants. L’objectif est aussi d’éviter les
taxes sur les importations de produits électroniques qui limitent notre
compétitivité. Nous avons acquis la participation de notre partenaire chinois
pour former des compétences congolaises.
Est-ce que vous seriez prêt à ouvrir le
capital de votre société pour faciliter la réalisation de ce projet ?
Quand on cherche des
financements, il faut être prêt à cette éventualité. Certains investisseurs en
France et à Maurice ont déjà montré leur intérêt. Refuser, cela viendrait à
signer l’arrêt de mort de nos ambitions. Nous travaillons également sur le
lancement d’un smartphone à 100 000 francs CFA, dès avril si nous avons
l’argent. Ce sera encore plus couteux que la tablette, donc de nouveaux
partenaires sont d’ores et déjà les bienvenus.
Source: J.Afrique