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vendredi 7 septembre 2012

La Violence en Milieu scolaire (2e partie).


Violence Photos (DR)
En rappel nous avons invité M.Ilou MALAM ABDOU, Encadreur de SOCIOLOGIE à L’ENI de Zinder.
5. Quelles sont les causes de la violence en milieu scolaire ?
Les causes de la violence en milieu scolaire sont multiples et sont d’ordre endogène et exogène.
a) Les causes endogènes
Elles sont liées au fonctionnement interne des établissements scolaires.
Nous retenons entre autres :
- La défaillance des responsables des établissements dans la gestion des affaires inhérentes aux activités académiques et le dépérissement de l’autorité scolaire ; 
Le désordre, le laisser-aller dans les établissements, le phénomène de « l’inscription parallèle », (nomadisme scolaire) » il est le propre des élèves défaillants en travail et en conduite ; ils sont généralement acceptés dans les établissements moyennant une gratification aux(x)responsable(s).
A l’intérieur de l’établissement, lors de passage des élèves  en classe supérieure, la corruption se pratique ; l’argent, le sexe sont aussi mis à contribution. Les considérations politique et sociale sont aussi valorisées à cet effet bref, l’interventionnisme est érigé en règle.
Ces pratiques indignent et frustrent les élèves méritants et les prédisposent à manifester leur mécontentement parfois de manière violente.
- La méconnaissance et la non observance des règles et normes qui régissent les rapports au travail notamment à l’école ;
Toute organisation humaine qui se veut durable dispose des règlements qui régulent les conduites des acteurs. L’école ne fait pas exception. Son fonctionnement est régis par des textes de loi, de règlement que ces animateurs sont censés respectés. Ces normes et principes sont peu ou pas vulgarisés, ils sont peu connus notamment dans leur contenu ; les sanctions parfois disproportionnées du fait de leur méconnaissance, occasionnent souvent les incivilités ; l’inapplication ou l’application partiale des décisions prises lors des conseils par l’administration entraine les récidives ; le port d’armes blanches par les élèves, la consommation de drogues, le non-respect de la tenue scolaire notamment dans son aspect moral ce qui entraine la séduction des enseignants par les filles…. Ces situations donnent l’occasion aux violences de s’exprimer.
- La défaillance pédagogique des enseignants ;
La qualité de formation des enseignants laisse trop à désirer, l’école de formation pédagogique et professionnelle fermée depuis 1994 ; inadéquation entre formation et discipline à enseigner ; problème de communication entre élèves et enseignant. Incartades, réprimandes, humiliation, frustration…constituent les principales réactions de certains enseignants face aux questions et observations des élèves.
La formation pédagogique fait de l’enseignant un manager des relations humaines, apte à ménager les susceptibilités des élèves. Il est donc normal que son manque entraine le trouble des relations entre élèves et enseignant.
Piloz Lucien nous souligne à juste titre l’importance de la formation pédagogique : «lorsqu’un enseignant se trouve devant ses élèves, ces derniers lui adressent deux demandes : la 1ère de ces demande est claire : l’élève souhaite généralement réussir à un examen et obtenir une compétence professionnelle. La 2° demande sauf cas rarissime, n’est pas énoncée, souvent même n’est–elle pas consciente. Cependant les deux, c’est la plus vitale pour l’adolescent. Si on peut le traduire en langage claire, elle s’exprime sous des formes telles que : …j’ai besoin d’être estimé, d’être compris, j’ai besoin d’être traité comme tel…
Quelles sont  à présent les causes externes ?
b) Les causes exogènes
L’école entant  qu’institution, évolue dans un environnement social avec lequel elle est en rapport.
C'est dire que certaines violences qui se constatent en milieu scolaire trouvent leur explication dans la société.
Les causes qui les sous-tendent sont entre autres :
- La défaillance des parents dans l’éducation des enfants,
 La famille est la 1ère institution sociale qui assure l’éducation de l’enfant. C’est d’abord elle qui doit apprendre à l’enfant les règles de la vie sociale.
Malheureusement, beaucoup de familles ne remplissent pas cette fonction de socialisation de l’enfant. La conséquence est que l’enfant arrive à l’école sans intégrer complètement les comportements normaux socialement acceptables.
Du coup, l’enseignant se trouve dans une situation difficile, parce que la structure sociale de la classe n’est pas stabilisée, nous sommes dans une situation où la plupart des jeunes ne connaissent que le « tout », tout de suite et l’immédiateté de l’impulsion.
Ce phénomène rend difficile aux enseignants l’exercice de leur activité.
Ces comportements des élèves à l’école s’expliqueraient par le relâchement de la cellule famille dans la transmission aux enfants dès leurs bas âges des valeurs comme le respect, l’honnêteté, la tolérance, le travail, la discipline….
Un enfant qui ne respecte pas ses aînés dans la famille n’est pas disposé à respecter son enseignant.
La disposition à des bons comportements et attitude conformes au Règlement Intérieur des écoles est faussée dès la cellule familiale. L’élève transpose les mêmes comportements de la maison à l’école.
Par ailleurs, l’irresponsabilité des parents se poursuit jusque dans l’établissement où fréquente leurs enfants.
Ils ne se renseignent pas auprès des responsables des établissements sur les résultats académiques de leurs enfants  et leurs comportements dans les établissements.
Lorsqu’ils sont convoqués par l’administration  scolaire pour les avertir du comportement et du travail de leurs enfants, ils ne donnent jamais tort à ces derniers.
En cas d’un malentendu entre leurs enfants et enseignant, ils tiennent toujours à innocenter leurs enfants.
Ces enfants sont appelés vulgairement « fils ou fille à papa ou à maman ».
Ils développent en général des comportements choquants, contraires au Reglement-Interieur  et que les enseignants n’hésitent pas à sanctionner. Ils sont organisés en bandes et ont une forte capacité de déstabilisation de l’enseignant dans sa classe.
-L’irruption de la politique dans les écoles ; 
L’école, aujourd’hui n’est pas seulement un lieu d’apprentissage et de diffusion des connaissances. Elle est aussi un espace d’affirmation et de positionnement politiques.
En effet, les nominations et surtout  le maintien de responsables des écoles à leurs postes sont devenus hautement politique ; Les postes de Directeurs, Proviseurs, Censeurs et surveillants ne sont plus redevables à la compétence professionnelle, ils  tiennent plutôt de la coloration politique.
Une fois nommés, le responsables scolaires sont sujets à toute forme de sollicitation de la part de l’entourage politique qui peut leur intimer  souvent d’accorder des grâces à des élèves indisciplinés, insupportables.
Du fait du soutien dont ils bénéficient, ces derniers ne manifestent aucune déférence aux responsables scolaires et aux enseignants.
La situation devient plus grave lorsque les hommes politiques manipulent les élèves. Les  politiciens cooptent les structures des élèves et les soumettent à leur volonté.
Ils les utilisent soit pour stabiliser leur régime, soit pour déstabiliser ceux qui sont au pouvoir. Cette situation rend l’administration scolaire, les enseignants et même les élèves vulnérables (cf. Mouvement du 06/12/2011 à Zinder).
-L’influence de l’audiovisuel sur le comportement des élèves ;  
La télévision, les vidéos ne sont plus un produit de luxe de nos jours, ils sont intégrés dans les habitudes de population. Dans les familles, chez les boutiquiers, dans les bistrots, dans les quartiers ces moyens de communication existent partout.
 Ils ont pour fonction d’éduquer, d’informer, de distraire le public. Hélas, ils ne produisent pas que d’effets positifs, les négatifs aussi en résultent et s’observent en général chez les adolescents.
En effet, les séquences  des films diffusées sont en général de nature à abrutir les enfants et créent en eux un esprit agressif. Les enfants sont plus attirés par les films ou jeux de combat qui font appel à la violence et l’agression.
Ce sont par exemple des films d’actions, de guerre, de prise d’otage ou certains sports violents opposant deux individus ou un groupe d’individus.
Les feuilletons diffusés sur nos écrans véhiculent très souvent des comportements contraires à la morale de nos sociétés.
 Boire d’alcool, fumer de cigarette, contredire ou insulter ses frères, sœurs ou parents, escroquer….constituent quelques-uns de ces comportements.
Les jeunes cherchent à copier ces modèles. On observe à travers l’habillement, les gestes, les paroles qui jurent  avec les valeurs disciplinaires et la bienséance.
Ils n’hésitent pas un seul instant à reproduire à l’école ces comportements agressifs et insolents découverts sur l’écran. 
6. Quelles sont maintenant les conséquences de la violence en milieu scolaire ?     
TAM